Seule au monde... (libre) [TERMINE]

En territoire ennemi. Je ne savais même plus pour quelle raison je m'étais aventurée ici sur la terre des loups des bois. Tandis que je continuais de cavaler à travers les arbres, j'essayais de me concentrer. Le guérisseur m'avait demandé de lui ramener une plante très spéciale qui ne poussait que chez les Leafgons, et évidemment qui c'est qu'on appelle ? Moi ! Il y a vraiment des fois où je vous jure qu'être dans cette meute était un calvaire . . . D'après la description du guérisseur, il s'agissait d'une fleur aux pétales couleur pastels et aux feuilles en forme de coeur. Et je devais me débrouiller avec ça comme description . . . Franchement ! si on prenait une skywing sur le fait, sur le territoire de la forêt, cela déclencherait surement un incident diplomatique . . . D'autant plus que ce n'était pas mon job ! j'étais une Ombre ! pas une guérisseuse, et encore moins une Oméga à qui on demandait tout et n'importe quoi ! vraiment !

Les arbres défilaient,e t silencieusement je continuais de galoper à travers cette forêt inconnue. C'était la première fois que j'y mettais les pieds, et pourtant je m'y sentais comme à l'abri. Effaçant ma présence, pour ne pas me faire repérer, une fleur pâle finit par attirer mon attention. Elle était nichée entre les racines d'un gros chêne. Je m'approchais doucement lorsque je repérais à plusieurs mètres, devant moi la silhouette recourbée d'un loup. D'après son pelage, il s'agissait d'un leafgon, et d'après son odeur c'était une femelle. Je ne comptais pas m'attarder ici, et alors que j'arrachais délicatement la fleur de la terre, l'inconnue s'écria :

Je me figeais et m'aplatis brutalement au sol. Reflèxe d'une ombre . . . Je relevais le museau et me cachais de nouveau derrière un buisson. Mon pelage sombre me permettait de me dissimuler des regards des autres, mais dans cette forêt verdoyante, les loups des bois avaient l'avantage. Ne voulant pas risquer un quelconque malentendu si je me faisais prendre en voulant m'éclipser, je décidais de sortir de ma cachette. Je m'approchais de l'inconnue, naturellement et en faisant du bruit volontairement pour lui indiquer ma présence. Puis je pris un sourire gêné pour montrer que je n'avais pas l'intention de l'attaquer, et que je n'étais pas une ennemie. J'adoptais la posture de la pauvre petite louve perdue et d'une voix tremblante je répondis :

Décidément, qu'est ce qu'il ne fallait pas faire pour ne pas déclencher un conflit . . . Et c'est sur moi que ça tombait en plus ! Vraiment . . . .

Apparemment, ma couverture n'était pas grillée. Ma longue crinière me cachait les deux yeux, ne permettant pas de révéler mon regard cannelle. Je gardais ce sourire gêné, ma petite corpulence ne représentait pas une menace, je n'avais donc pas à m'inquiéter de ma posture. Les apparences étaient trompeuses, après tout, j'étais la plus efficace du clan des Skywing, toutes tâches confondues à l'exception de la course et du vol . . . Décidant de jouer la carte de l'obéissance, je répondis d'une voix un peu plus sûre :

Je venais déjà d'annoncer que je m'étais perdue, et pourtant cette louve verte me demandait de nouveau ce que je faisais dans cette forêt. Ahalala . . . Si on ne m'avait pas envoyé ici, je n'aurais pas à jouer ce petit jeu ! Je restais tout de même assez calme. Pour le moment la louve des bois était seule, si je tentais de m'éclipser, elle aurait du mal à me rattraper, quelque soit son pouvoir. Ne souhaitant pas m'attarder ici, et tenant toujours la petite fleur entre mes crocs, tâchant de ne pas l'abîmer, j'ajoutais tout en me retournant :

Plus vite je mettrais les voiles, plus vite je retournerais à la Montagne, et plus vite je m'acquitterais de cette tâche complètement stupide.

La louve verte me dévisagea, elle tentait de m'analyser. Comme je le pensais, je ne représentais pas une véritable menace à cause de ma petite taille. J'étais à peine plus petite qu'elle . . . De tous les loups de Wenfile, je devais être sans aucuns doutes la plus petite. Elle finit par me lancer d'une voix ni agressive, ni toute gentille :

Je ne me retournais pas à ces mots. Dissimulant un sourire en coin, elle pensait réellement que sa menace me faisait peur ? J'en avais connu d'autres. Les orphelins dont leurs origines sont inconnues, ne sont appréciés dans aucunes meutes. Cette Leafgon s'était fiée à mon apparence et m'avait jugé sans vraiment savoir de quoi j'étais capable. Une chance ! je n'aurais pas à perdre de temps ici. J'entendis la louve verte marmonner quelque chose, à propos de sa mère, et de l'assassin de sa génitrice. Tient donc . . . c'était bon à savoir. Moi qui n'avait que des bribes de souvenirs concernant mes parents, je supposais que cette louve ne ressentait pas la même chose que moi. Nous étions donc différentes . . . Je me mis à galoper à travers la forêt, silencieusement, telle une Ombre que j'étais . . .

Tandis que je m'éloignais de l'endroit où j'avais laissé l'autre louve verte, j'entendis un bruit sourd venir de loin. Puis un cri de rage retentit dans ce monde verdoyant qui 'nétait pas le mien. Je m'arrêtais et regardais dans la direction de ce râle rempli d'exaspération.

Que faire ? la curiosité était un vilain défaut, et je ne pouvais pas m'attarder ici, si un autre de ces loups des bois me surprenait dans cette forêt, il ne me laisserait pas partir aussi facilement que l'avait fait l'autre verte. D'un côté, m'attardais davantage ici m'empêchais de rentrer directement en montagne. La fleur que je tenais entre les crocs devait être remise au guérisseur avant qu'elle ne fane . . . Oh et puis zut ! un oetit coup d'oeil rapide n'allait pas me retarder de trop. Je rebroussais chemin, la précieuse fleur entre les crocs et finis par m'arrêter au bord d'un ravin. La louve verte de tout à l'heure était au fond et tentait vainement de remonter à la surface. Du haut du gouffre, je la regardais de mes yeux invisibles à cause de ma crinière noire. Un rictus moqueur sur les lèvres. Je ne pouvais pas lui venir en aide, étant donné mon incapacité à voler, mais grâce à mon pouvoir je pouvais peut-être faire quelque chose. La question était pourquoi le ferais-je ? Je m'assis au bord et lui demandais d'une voix dissimulant mon amusement :