Le feu et le sang se marie très bien... [Libre]

» Silver.

« L'hurlement du créateur sonna de façon mélodieuse dans mes tympans. Ce n'était pas la première fois que je l'entendais et je savais parfaitement ce qu'il signifiait. Un appel à la guerre, aux combats, au sang de nos ennemis. Sortant de mon repère d'ombre, je me rendis vers la place de réunion des Gwanfires d'où BadHell venait de pousser un puissant hurlement à son tour, nous appellant, nous, guerriers du feu. Surplamblant notre assemblée du regard, ils observaient d'un air de satisfaction ses troupes. N'oubliant pas mon poste hiéarchique, je ne traîna pas à arriver. M'installant dans les hauteurs de la place de réunion, dans l'ombre, je me fis discrète pour cette rapide réunion. J'espèrais que cette petite réception ne tarderait pas trop, l'appel de la guerre était irresistible pour mon corps. BadHell explique dans un bref délai la stratégie des Gwanfires bien qu'au fond, tous la connaisait. Tout détruire et réduire la forêt en cendre. L'Alpha nomma ensuite les différentes troupes d'assauts mais, j'étais déjà au courant de tout ça. L'un des avantages d'être Bêta... Puis, annoncer par un second hurlement, les troupes se mirent en marches.... »

« Remplissant mon rôle, me me rendis aux devants des troupes, aux côtés de BadHell. Je me souvenais encore de l'époque où il n'était qu'un petit louveteau. Quelle ironie, le voilà maintenant en train de diriger une armée de guerrier dévastateur. Raclant avec rage le sol poussièreux, les Gwanfires ne faisaient qu'un. Quelle excitation. Me tournant rapidement vers les troupes, je les observa d'un bref coup d'oeil. Ils étaient fort et téméraires, la victoire était notre. Puis, je remarqua l'absence de mon fils. Où était-il encore passé celui-là ? Ah oui, c'est vrai, ça me revenais, ce petit vainard avait reçu un ordre de mission de premier ordre: tuer l'Alpha des Leafegons. Quel petit sal*piot celui-là, toujours avec le beau rôle. Enfin, il ne me faisait pas honte, c'était le principal. De plus, savoir que son avenir était abondant de puissance me réjouissant, parvenant à alléger ma peine d'avoir ma fille, Rubis. Au moins, elle avait pu vivre ses derniers instants avec Spry. Cependant, ce dernier était devenu encore plus... Gwanfire depuis cet événement. Parfois, cela m'inquièter, Spry était bien trop ronger par la soif de sang, l'avidité et la souffrance... De plus, le fait qu'il était particullièrement futé n'arrangeait en rien les choses, ce gamin était un véritable démon. Jetant un rapide regard à BadHell, je me demandais tout de même une chose: que lui avait fait la mort de Rubis ? Je savais bien qu'elle l'avait aimer éperduement mais, et lui ? Enfin, je n'avais que faire de m'embrumer l'esprit avec de telle question. L'heure était à la guerre et non aux souvenirs, aussi douloureux puissent-ils être. »

« La troupe de guerrier ne s'arrêta qu'une fois afin de se désaltérer. Ils n'avaient pas besoin de se reposer, le désir de combattre les animer bien trop pour cela. Puis, la lune tombait, l'armée de loup pus enfin atteindre la lisière de la forêt. Les deux bataillons se séparèrent et l'attaque commença dans la surprise la plus totale. Sans tarder, la forêt s'embrassa sous le passage des Gwanfire tel un brassier gigantesque. C'était magnifique à voir. Et puis, cette chaleur... Comme on se sentait bien ici ! Cependant, un léger détail venait obscursirrent cet idéal, la présence de Leafegons. Ils nous fallaient éradiquer ces gêneurs. Remplacant le silence de l'approche, les aboiements rageurs, les claquements de crocs et raclage de griffes résonnérent dans une fureur démente. La rage des Gwanfires étaient abondante. Me prenant au jeu, je me mis un rire jovialement, quel plaisir de retrouver ma chère amie: la guerre ! Sans même prendre la peine de m'enflammer ou bien de mettre à mon profit mon pouvoir, je me jeta dans la mêlée, avide de combat. »

Tous étaient amplifiés. Les couleurs tapaient et éclatées dans mes yeux, je ne parvenais pas à distinguer ce qui m’entourait. Vert, rouge, jaune, violet, bleu, toutes ces couleurs dansaient dans mes iris. Seul le clapotis de l’eau m’empêcher de fermer les yeux. Mais, que se passerait-il si je les fermer ? Sombrais-je dans un sommeil éternel ? L’idée était tentante. J’étais fatiguée. Peut-être était-il temps de lâcher prise et de me laisser aller. La moitié de mon corps était enfoncer dans l’eau claire et, peu à peu je me laissais bercer pas les légères vagues d’eau. C’était paisible. Calme, détendu, reposé… C’était une armada de nouvelles sensations. Et, je les trouvais plutôt agréable. Non loin de moi se reflétait l’image de l’astre lunaire dans l’eau. Etait-elle désireuse de m’accompagner le long de mon voyage ? Libre à elle. Au moins, je ne partirais pas seule.

L’odeur de sang était béante, que ce soit ma gorge ou mes narines. Un goût âcre. J’avais beau apprécié le goût du sang d’autrui, le mien ne me réjouissait pas. Prise de soudaine nausée, un liquide saumâtre remonta le long de gorge et sortit brutalement de ma gueule. Ce n’était point de la bille mais du sang. Etait-ce ma fin ? L’eau pourtant clair et chaste pris un teinte opaque et s’assombrit. Cependant, le reflet de la lune demeura. Sa couleur argentée pris simplement une teinte rougeâtre. Une belle lune de feu. Souriant à demi, je lutta un bref moment avant de laisser mes yeux se fermer, dans une douceur innée. Les couleurs éclatantes demeurèrent malgré le fait que mes paupières soit closes puis, me quittèrent soudainement. Je me retrouvais plongée dans le noir. Je n’avais pas peur. Je m’étais préparée depuis bien longtemps à ce moment. Enfin je pouvais rejoindre Cameron, mon bien-aimé ainsi que notre fille, Rubis. Mais, une autre personne m’attendait : DeathBurn. J’avais tellement hâte de le revoir. Nous avions tant de choses à nous dire. Puis, mes pensées se troublèrent et tout redevint noir. L’obscurité totale.


*Qu’est-ce que … ?* Une lumière blanche vint brusquement m’éblouir et c’est là que je la vis. Eska. Ma petit Eska… Mais, que faisait-elle là ? Etait-ce un rêve ? Elle me souriait. Mais, ce n’était pas son sourire d’ordinaire. Elle était triste. Affreusement triste. Affligée par son visage si amer, je m’approcha d’elle, frottant mon museau contre le sien. *Ne pars pas Silver… Pas maintenant. S’il te plaît. Je ne me sens pas prête. Je ne veux pas me retrouver seule une fois de plus. J’ai peur Silver. J’ai peur…* Ses larmes éclaboussèrent tendrement ma joue. *Non, ne pleurs pas mon ange. Ton sourire est ma plus grande souffrance.* Que devais-je faire ? Partir pour toujours ou bien rester à ses côtés, jusqu’à la fin. Mais suis-je sotte, c’est déjà la fin. *Non. Ce n’est pas la fin, fière Bêta. Il te reste encore de l’espoir et de la volonté, je le sais. Ils sont simplement enfouis dans ton cœur de glace. Tu dois te battre, Silver. Aurais-tu oublié ta promesse faîtes à notre frère ?* Je compris immédiatement de qui elle voulait parler. DeathBurn… Nous trois qui, autrefois, avions formés une famille si unie. Comment oublier cette promesse? Je me revoyais, assise auprès de DeathBurn, au sommet du Volcan. *Silver, un jour viendras où je ne saurais plus là. Et ce jour-là, il te faudra me faire une promesse. Ne meurs pas. Veille sur Eska pour moi. Assure-toi de son bonheur et du tien. Et pour ce faire, tu dois vivre. Ne perds jamais espoir, même lorsque tout te sembleras perdu. N’oublie pas Silver, c’est une promesse. Non, c’est un ordre.*


Mes yeux s’ouvrirent d’une volée. Un blanc éclatant me sauta aux yeux, m’éblouissant par la même occasion. Un rêve ? Oui, probablement. Je jeta un coup d’œil autours de moi. Rien n’avait changé, j’étais toujours étendue dans cette même rivière, un brouillard de fumée noire grondant dans l’air. Vraiment. Je ne me reconnaissais plus. Affichant un bref sourire, j’entrepris de me redresse mais finalement, cet acte se termina par une giclée de sang. Bien, j’avais peut-être repris mes esprits mais, mon corps n’avait pas suivi. Ce qui m’entourait n’avait plus rien à voir avec de l’eau. Mes multiples blessures toutes aussi sérieuse les unes que les autres avait rendu l’eau autrefois claire en une masse écarlate. Alors que j’évaluais mes chances de survie, une voix me parvint. C’était une voix certes douce mais, la douleur était grandement présente. Katana. Toujours en vie ? Décidemment, mon respect pour elle ne faisait que croître. Un rictus s’afficha sur mon visage meurtri. Il en était de même pour cette louve. Alors que je buvais ces paroles, celle-ci dû prendre une pause pour reprendre son souffle. A en juger par le son de sa voix, elle était très faible elle aussi. D’ordinaire, j’aurais laissé ces paroles battre contre le vent mais, pas cette fois-ci. Cette louve valait la peine que je lui réponde.

« On ne choisis pas toujours son territoire de chasse, il faut savoir s’adapter à l’ennemi , jeune Gamma » déclarais-je tout ravalant un flot de sang. « Ce n’est pas dans mes habitudes de faire de telles éloges mais, je suis fier d’avoir combattue face à toi. Tu es une prodigieuse Gamma »

Si seulement cela pouvait être le cas des Gwanfires. Je m’imagina le temps de quelques instants l’équipe que nous aurions pu former, Katana et moi, si notre meute ne nous aurait pas séparé. Un duo d’enfer. Mais, le sort en avait décidé autrement. Tant pis. Puis, l’ultime attaque tomba. Avant même qu’elle ne m’atteigne, j’entendis la foudre. L’eau. Bien sûr, le conducteur le plus puissant de la nature. Comment avais-je pu oubliée ? Lançant un dernier sourire, je soupira. Elle avait été plus maligne que moi. Mon orgueil était bien atteint. L’éclair parcourut la rivière comme un loup déchaîné, courant vers sa proie. Je n’avais plus le temps de m’enfuir. Dans un ultime effort, je me redressa. Le sang coulat à flot de mes plaies, c’était un vrai massacre. Me tenant droite, je fixa le point d’où était parti l’éclair. Si cela devait être ainsi et bien soit, j’affronterais la mort la tête haute.

Le dragon d’or arriva à toute vitesse. Je ne tressaillis pas et l’accueillie d’un grondement féroce. Tout devint blanc. Ça devenait une habitude ces temps-ci. Mon corps fut une nouvelle fois éjectait dans l’eau. Je roula dans l’eau avant de m’immobiliser. Contre toute attente, l’attaque avait été moins lourde que je le pensais. A vrai dire, l’éclair m’avait à peine touché qu’il s’était tout de suite arrêter. Que s’était-il passé ? Le problème venait-il de Katana ? Alors que j’observais les environs, je remarque une chose étrange, ma vue ne distinguer plus les couleurs. Etait-ce un effort temporaire de l’attaque statique ? Pour être sûre, je cligna mainte fois des yeux. Aucun changement. Mais, je devais en avoir le cœur nette. Soulevant légèrement ma patte hors de l’eau, j’activa mon pouvoir de flamme. C’était bien ce que je craignais. Je sentais la chaleur, pouvait voir la flamme ondulait selon le vent mais, sa teinte était désormais grise. Je ne pris pas le temps de m’apitoyais sur mon sort, il me fallait partir à la recherche de Katana.

Rassemblant ce qui me rester d’énergie, je me redressa avec peine. Le monde basculait autours de moi et je mis à temps à remettre mon esprit en place. Une nouvelle montée acide. Le sang s’étala rageusement sur le sol. Combien de sang avais-je donc perdue ? Bien trop. Et puis ce vomissement… ce n’était pas normal. Il m’en faudrait touché deux mots à Zay, notre guérisseur. Mon cœur me cognait douloureusement, jamais il n’avait battu aussi vite. Mes pas étaient lourds et, je fis rien pour les faire taire. Je continuais seulement d’avancer, mais où ? J’avais une certaine difficulté avec ma vue. C’était un tout nouveau monde que je découvrais. Cependant, je n’avais pas le temps de m’émerveiller. Un grondement sourd me fit tressaillir. Katana.

Son corps était tristement étendu dans l’eau. Elle semblait à peine conscience. Je tituba jusqu’à elle puis, solennellement je planta mon regard dans le sien. J’étais dans le même état qu’elle il y a peu. Prête à me laisser aller et fermer les yeux pour ne plus jamais me réveiller. Je pouvais l’achever. Je le pouvais certes mais, là n’était pas mon désir.

« Tu as tort de renoncer, Katana. Accroches-toi à la vie. Tu seras plus utile à ta meute si tu restes en vie. »

Je resta encore là, à la fixer de mes yeux de glaces puis, lentement, je tourna les talons. Qu’elle vive, là était mon souhait. C’était bien la première fois que j’épargnais un ennemi. Ce n’était pas dans mes habitudes et pourtant, voilà que j’avais fait de cette louve une exception. Katana… Ce nom restera gravait dans ma mémoire, je ne l’oublierais pas, pas même ce fabuleux combat qui était probablement l’un des plus beaux de mon existence. La forêt était en feu. Je plaignais silencieusement Katana et sa meute. Nous, Gwanfires avions détruits leurs habitat, leurs maisons. Nous avions tués leurs familles. Quoi de plus cruel. Nous portions bien notre nom, notre réputation. Nous étions sans cœur, assoiffés de pouvoir et sanguinaire. Et pourtant. En cet instant, je nous trouvais bien cruel. Trop même. Sans vraiment le vouloir, je m’étais inconsciemment attaché à cette louve. C’était mauvais. Je ne devais pas perdre de vue notre objectif, notre mission, ce en quoi nous croyions. Jetant un ultime regard à la louve, je lui dis l’ombre d’un sourire :

« A la prochaine Katana, Gamma des Leafegons. Nos chemins se recroiseront assurément. J’en suis persuadée. »

Affichant un demi sourire taquin, je regarda droit devant moi et me remis en marche. Il était évident que cette louve allait survivre. Puis que je vous le dis, c’est invraisemblablement vrai. Secrètement, je lui avais comme lancé un avertissement. Elle devait survivre. C’était un ordre.

Bien, je n’avais pas spécialement à mentionner le fait que cette Gamma n’était pas morte. Qui s’en souciait ? Mon second pouvoir toujours activer, il me redonner peu à peu des forces. Je pouvais remarcher à peu près normalement cependant, mon corps ne tenait pas secret l’affrontement. Mon pelage était collant de sang, mes yeux vitreux, un trou béant au niveau de ma patte arrière gauche, je boitais et des gouttes sangs tombaient à chacun de mes pas. J’étais dans un piteux état. Et pourtant, la bataille n’était pas finie. Il ne me restait plus grand-chose mais, je devais aller aider ma meute. C’était mon devoir. Et survivre, tel était ma doctrine. Une nouvelle vague de sang sortit sans aucune retenue de ma gorge. Ma tête tourna de plus en plus violement puis finalement, je m’effondra contre un arbre, bien à l’abri dans la forêt. Je devais aller aider ma meute certes mais avant tout, un petit somme s’imposait. J’étais extenuée. Le souffle calme et les idées en place, je ferma doucement les yeux et me laissa sombrer un sommeil bien mériter. Non, cette fois-ci je n’avais nullement l’intention de me laisser traîner dans un sommeil éternel. Il n’était là uniquement question d’un sommeil réparateur. Croyez-moi, j’en avais bien besoin.